Le 17 mai marquait la Journée internationale contre l'homophobie, la transphobie et la biphobie (IDAHOT), journée consacrée à la sensibilisation aux droits des personnes LGBTQ+ dans le monde entier. S'il y avait eu un quelconque espoir lors du 1er Mai de voir les partis politiques se positionner sur les enjeux qu'affronte la communauté LGBTQ+ mauricienne, il a été bien vite anéanti par la volonté de ne pas déplaire à l'électorat.
il est frappant de constater que les promesses électorales des différents partis politiques ne semblent guère aborder la question de l'amélioration de la vie des personnes LGBTQ+. En effet, le thème de la Journée internationale contre l'homophobie, la transphobie et la biphobie (IDAHOT): “PERSONNE LAISSÉ POUR COMPTE” - semble demeurer lettre morte dans le contexte mauricien. Une fois de plus, les défis auxquels sont confrontées les personnes LGBTQ+ sont soit ignorés, soit relégués au rang de tabous dans le discours politique.
Pourquoi ?
Cette situation soulève plusieurs questions importantes. D'une part, cela pourrait s'expliquer par une stratégie visant à ne pas froisser l'électorat, en évitant des sujets sensibles qui pourraient diviser l'opinion publique.
D'autre part, cette absence de considération pour les enjeux LGBTQ+ dans le discours politique pourrait également refléter un manque d'intérêt réel de la part des décideurs politiques pour cette question. Malgré les progrès réalisés dans de nombreux pays en matière de droits LGBTQ+, Maurice semble encore en retard sur ce front.
Pour progresser vers une société mauricienne plus inclusive et respectueuse de la diversité, il est impératif que les dirigeants politiques reconnaissent les droits des personnes LGBTQ+ et prennent des mesures concrètes pour garantir leur protection et leur inclusion. Cela implique non seulement le renforcement de politiques et de lois antidiscriminatoires, mais aussi la promotion d'une culture de respect et de tolérance envers toutes les orientations sexuelles et identités de genre.
En tant que plateforme médiatique, OUTMoris a choisi, à l’aide des recommandations faites par le Kolektif Drwa Imin (KDI), de se concentrer sur les commentaires haineux diffusés en ligne à travers les réseaux sociaux qui ont des conséquences bien réelles.
Les jeunes de la communauté LGBT sont deux fois plus susceptibles de subir de la cyberintimidation que leurs pairs hétérosexuels [1], alors que les jeunes femmes sont deux fois plus susceptibles d’être victimes de harcèlement sexuel en ligne que les jeunes hommes [2]. Les jeunes qui font l'expérience de commentaires ou approche haineuse en ligne sont plus susceptibles d’éprouver des troubles anxieux ou dépressifs [3]. Les discours haineux en ligne peuvent avoir des conséquences graves sur les victimes, allant de dommages psychologiques à des menaces physiques réelles, affectant leur santé mentale, leur sécurité et leur bien-être personnel. Ces conséquences persistent souvent dans la durée, entraînant un isolement social, des difficultés professionnelles et des impacts à long terme sur la qualité de vie des individus concernés.
Il n’existe actuellement aucune législation spécifique réprimant les violences homophobes et/ou transphobes ou les discours de haine à l'Île Maurice. Une liberté́ reste encadrée par la loi qui fixe des limites : la diffamation, l'injure, la provocation à la haine.
A travers des dispositions générales comme le code pénal ou d’autres législations comme l’ICTA, il est possible de sanctionner l’acte mais l’intention homophobe / transphobe à l’origine de l’acte n’est pas punie et n’agit pas non plus comme une circonstance aggravante dans l’immédiat.
C’est pourquoi nous demandons que la section 46 (h) de l’ICTA soit plus spécifique et inclue l’orientation et l’identité́ sexuelle, rajoutant ce qui est en gras ci-dessous: Any person who uses telecommunication equipment to send, deliver or show a message which is abusive, threatening,, which is likely to cause or causes humiliation, inconvenience, distress or anxiety to any person; based on his age, impairment, HIV status, domestic circumstances, sex, sexual orientation, gender identity/expression, race, colour, language, religion, political, trade union or other opinion or belief, national or social origin, association with a minority with homophobic / transphobic intention at the origin of the act as aggravating factor shall commit an offence under Section 46 of the Information and Communication Technologies Act 2001.
Nous demandons également de revoir l’Article 282 du Code pénal. L'article 282 du Code Pénal est intitulé : Incitation à la haine raciale. Le paragraphe 282(1) (a) et (c) érigent en infraction la publication d'un écrit dans un journal ou la diffusion d'un contenu menaçant, injurieux ou insultant dans l'intention d'agiter le mépris ou la haine contre toute section ou partie de toute section du public, distingués par la race, la caste, le lieu d'origine, les opinions politiques, la couleur ou la croyance. Nous demandons que soit enlevé́ le terme “raciale” pour que soit englobée toute incitation à la haine, de manière générale, incluant l’orientation sexuelle et l’identité́ de genre.
Nous savons que ces recommandations peuvent, si implémentées, agir pour l’amélioration du bien-être de la communauté LGBTQ+ ainsi que la protection de toutes et tous.
[1] Hinduja, S., et Patchin, J.W. (2011). Cyberbullying Research Summary: Bullying, Cyberbullying and Sexual Orientation. Cyberbullying Research Centre.
[2] Duggan, M. (2017). Online Harassment 2017 (rapport). Pew Research Center.
[3] Tynes, B.M., Giang, M.T., Williams, D.R., et Thompson, G.N. (2008). Online Racial Discrimination and Psychological Adjustment Among Adolescents. Journal of Adolescent Health, 43(6), 565-569.
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